Mouta Maurice Wakilou Glili-Amorin: un authentique Ablodevi … irrécupérable.

Hommage à Maurice Mouta Wakilou Glili Amorin

L’homme, le frère, l’ami et le compagnon que nous venons de perdre nous invite à exprimer l’immense douleur de la communauté togolaise, et de l’ « assemblée » qu’il a inlassablement crée autour de lui de son vivant. Sa famille biologique le pleure; il manquera à son pays, parce qu’il rejoint prématurément l’impressionnante légion de ceux qui ont compris la valeur d’une cause et se sont résolument engagés pour elle jusqu’à la dévotion. Nos multiples témoignages expriment l’indicible chagrin de voir s’en aller un infatigable porte-flambeau d’une unité tant désirée de l’Afrique.

Faut-il aujourd’hui, au moment où nous allons lui faire nos adieux, parler du jeune Maurice, féru de N’krumah et de Lumumba, étudiant à l’Université du Bénin, débordant d’enthousiasme dans l’engagement associatif, puis dans l’adhésion au Parti socialiste Panafricain (PSP) du très regretté Tavio Ayao Amorin ?

Est-il nécessaire de mettre en avant le rôle décisif que sa culture politique du devenir de l’Afrique jouera dans la conception d’ensemble de ses combats futurs et de ses positionnements ultérieurs ?

Car Maurice était une fusion entre la foi et la Révolution

Sa rencontre avec Tavio Amorin, son oncle lâchement assassiné au Togo en 1992 n’a pas seulement consolidé les bases d’une connexion intellectuelle et politique ; elle a aussi mis sur orbite un parcours et une détermination jamais pris en défaut pendant ces longues années où il nous a honorés de son compagnonnage.

Comme son mentor Tavio AMORIN, Maurice tenait à cette idée que pour faire réellement bouger les choses dans une société, il fallait une dose de « folie », une folie qui vient du coeur. L’exil et l’expérience de nouvelles affinités feront le reste. Du Cercle de réflexion Dr Kwame N’krumah au Front des organisations démocratiques en exil, le militant, l’activiste, le défenseur des droits de l’homme, le conférencier ne s’éloigneront jamais de ce volontarisme qu’il appelait lui-même « le lieu de l’excellence humaine ».

Est-il indispensable, enfin, d’épiloguer sur l’homme, sur l’éclat d’un esprit vif, prompt à réagir, sur cette imagination merveilleuse et débordante, cette élégance de style et cette hauteur de pensée qui font de lui un Maurice si singulier. Il pouvait certes, se montrer quelques fois intraitable au nom de valeurs et de principes qui lui étaient chers, mais c’était toujours au prix d’un effort de persuasion et de réflexion partagée. Car « Kanléa » (le brave), comme on le surnommait chérissait par-dessus tout les vertus de l’implication sincère à la cause de la liberté ; il considérait que celui qui sert une cause, ne reçoit sa gratification que de celle-ci. Le véritable enjeu, selon lui, est le sens existentiel que nous donnons à notre combat pour le bien-être collectif.

Dans la jungle extrêmement compliquée qu’est devenue la diaspora togolaise, spécifiquement celles de France et de Belgique, il est resté fidèle à un cap et à une ligne conductrice. Cher Mouta, nous t’avons vu à l’œuvre, refusant les circonvolutions de la compromission, vent debout contre les solutions de facilité, à chaque fois qu’il a fallu monter au créneau pour rappeler les fondamentaux. Nous t’avons vu cédant quelques fois à la colère, mais jamais à la haine, privilégiant en permanence l’idée d’un pardon qui n’oublie pas. De toi, nous garderons précieusement dans nos cœurs, l’image d’un chrétien catholique convaincu qui n’avait pas honte de l’afficher. Ta foi chevillée au corps, fidèle à la célébration eucharistique, c’est par tes œuvres dans les groupes de prière, les associations diverses que tu as essentiellement personnalisé ton cheminement vers ton Dieu.

Oui, il est juste, il est beau qu’une communauté rende en honneurs à ses fils ce qu’elle reçoit d’eux; c’est donc en toute justice qu’il nous revient de nous recueillir en ces moments d’intense gravité pour rendre hommage à notre cher disparu, pour nous souvenir de son enrichissante aventure à nos côtés, pour nous vivifier de sa généreuse présence parmi nous. Maurice, Va, élance-toi, et élève-toi au-dessus des disputes humaines et désormais on se réfèrera à toi comme Maurice le Grand !
Va en toute confiance, car « sur le seuil de sa maison, notre Père t’attend et les bras de Dieu s’ouvriront pour toi ! »

ADIOS COMPAGNERO

Bruxelles le 5 mars 2022
Karl GABA

SOUTIEN DE TOGODEBOUT AU PEUPLE MALIEN

COMMUNIQUE

SOUTIEN DE TOGODEBOUT AU PEUPLE MALIEN

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Le peuple malien est plongé dans une nuit désastreuse depuis une dizaine d’années. Les filles et fils de ce pays à l’histoire glorieuse, subissent une situation de guerre, avec sa cohorte de tueries, de viols, de déplacement de population, de destruction du tissu socio-économique.

Parce que les solutions, tant nationales qu’internationales apparaissent d’une inefficacité évidente et ceci de longue date, la délicate conjoncture politique actuelle appelle un soutien et un accompagnement sans faille de la communauté internationale, pour une sortie de crise viable et durable.

Les militaires ont engagé une action pour mettre fin à la déstabilisation du MALI. Ils conduisent la transition et se sont engagés, à travers les assises nationales de la refondation, à apporter une solution pérenne à l’insécurité et à la corruption qui gangrènent le pays et à le doter d’institutions démocratiques.

La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont fait partie le MALI, est le principal interlocuteur de la transition malienne. Dans ce processus diplomatique, des sanctions sans précédents sont prises, dans une certaine précipitation. Elles frappent directement la population malienne, déjà lourdement éprouvée. Elles sortent des prérogatives de cet organisme qui définit, à l’article 77 de son traité révisé de 1993, intitulé « sanctions applicables en cas de non-respect des obligations », définit les sanctions qui s’appliquent lorsqu’un État Membre n’honore pas ses obligations vis-à-vis de la Communauté.

La CEDEAO montre son vrai visage après une kyrielle de décisions iniques et de renoncements dont, entre autres, succession dynastique garantie au Togo en 2005, 2015 et 2018, le quatrième mandat de M. Faure GNASSINGBE en cours, trois mandats offerts à M. OUATTARA et M. CONDE après ce qu’il convient d’appeler un coup d’État constitutionnel suivi d’un coup de force électoral.

Il s’agit ni plus ni moins, d’un syndicat de chefs d’État, soucieux de se maintenir au pouvoir et d’appliquer une politique, à l’opposé des intérêts des populations de la région. Le Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance n’est brandi que lorsqu’il s’agit de protéger leur pouvoir contre un mouvement populaire de contestation, une insurrection qu’ils appellent coup d’État civil ou un coup d’État militaire, lorsque ceux-ci menacent leur maintien au pouvoir.

TOGODEBOUT appelle tous les Africains et amis de l’Afrique, épris de justice, à soutenir sans faille le peuple frère du MALI et à s’unir aux multiples voix qui se sont élevées contre l’injustice.

TOGODEBOUT exhorte la CEDEAO à s’en tenir aux textes de l’organisation et à la sagesse millénaire africaine, et à mettre un terme à la politique du deux poids deux mesures.

 

Le 22 Janvier 2022
Pour le Collectif TogoDebout
Le Coordinateur Général
Karl GABA

Déclaration : Libération inconditionnelle et immédiate

DÉCLARATION

 

Libération inconditionnelle et immédiate de :
1°) Jean-Paul OUMOLOU ;
2°) Ferdinand Messan AYITE ;
3°) Joël Vignon EGAH ;
4°) Fovi KATAKOU ;
5°) et annulation des poursuites contre Isidore KOUWONOU.

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                Comme jadis à la fin de l’année 2020, une nouvelle vague répressive déferle sur le Togo en cette fin d’année 2021, frappant en 40 jours, 5 journalistes et activistes politiques dont les 3 nouvellement arrêtés et détenus en l’espace de 48 heures, portent à 116 le nombre des prisonniers politiques depuis trois ans, sur lesquels 7 sont morts du fait de leur détention. Voici les faits :

1°) Jeudi 4 novembre 2021 – arrestation de Jean-Paul OUMOLOU :
Activiste politique et militant de la Dynamique Monseigneur KPODZRO (DMK) résidant en Suisse, Jean-Paul OUMOLOU a été enlevé au petit matin au quartier Hédzranawoé, dans la commune du Golfe 2 à Lomé, par des agents de la Gendarmerie nationale lourdement armés et cagoulés qui, après avoir bouclé tout le quartier, se sont saisis de lui après l’avoir violenté, dans la résidence d’où il s’apprêtait à rejoindre le Ghana pour le reste des congés qu’il passait dans la sous-région.
Conduit au Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC), il y subit de longs interrogatoires suite auxquels, présenté
au Procureur de la République et au Juge d’instruction, ceux-ci l’ont accusé des 4 chefs d’inculpation suivants : «1.Appel au peuple et à
l’armée à l’insurrection ; 2.Diffusion de fausses nouvelles ; 3.Apologie de crime ; 4. Outrage à l’autorité publique ». Bien que le délai légal de
sa garde à vue soit largement dépassé, il est illégalement maintenu en détention depuis 40 jours au SCRIC.

2°) Jeudi 9-vendredi 10 décembre 2021 – arrestation et emprisonnement arbitraires du journaliste Ferdinand Messan AYITE :
Directeur de publication du journal L’Alternative, journaliste d’investigation internationalement reconnu pour son sérieux et son professionnalisme au nom desquels il a été récompensé par de nombreuses distinctions internationales, Ferdinand Messan AYITE a été convoqué, le jeudi 9 décembre, à la Brigade de recherches et d’investigations (BRI) où il a pu obtenir de se faire assister de son avocat, Me Elom Kpadé. Au cours de son audition, il s’est vu mettre en accusation pour les propos qu’il a tenus lors d’une émission sur « L’autre journal », la chaîne Youtube de son journal. Selon les informations données par l’avocat, il serait poursuivi sur la base d’une plainte déposée aux fins d’une inculpation sous 3 chefs d’accusation qui, n’ayant rien à voir avec le Code de la presse et de la communication, relèvent plutôt de l’article
490 du Code de procédure pénale : 1.« Outrage à l’autorité » et 2.« propagation de propos mensongers ». Bien qu’il ait été annoncé que cette plainte aurait été mise en mouvement par deux ministres du gouvernement togolais, M. Puis Kokouvi AGETOME, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et de la Législation, et M. Kodjo ADEDJE, Ministre du Commerce, l’accusation n’a pourtant pas été en mesure d’en produire la matérialité tout au long de la procédure jusqu’alors. Gardé à vue et incarcéré au BRI dans la soirée, il est conduit, le lendemain 10 décembre, chez le Juge d’instruction qui confirme les chefs d’accusation et le place sous mandat de dépôt dans la soirée.

3°) Vendredi 10 décembre 2021 – arrestation et emprisonnement arbitraires du journaliste Joël Vignon EGAH et mise sous contrôle judiciaire de son confrère Isidore KOUWONOU :
Le 10 décembre, c’est au tour de Joël Vignon EGAH, Directeur de publication du journal Fraternité qui a participé à l’émission sur « L’autre journal », et Isidore KOUWONOU, rédacteur en chef du journal L’Alternative et Secrétaire général du Syndicat des journalistes indépendants du Togo (SYNJIT), qui a été le modérateur de ladite émission, de se voir convoquer à la BRI où ils ont rejoint Ferdinand Messan AYITE. Au cours de leur audition, ils se sont vus inculper à leur tour des mêmes chefs d’accusation retenus contre Ferdinand Messan AYITE. Ensemble conduits chez le Juge d’instruction, les trois journalistes se voient confirmer les charges retenues contre eux et, alors que Joël EGAH est placé sous mandat de dépôt, Isidore KOUWONOU se voit placer sous contrôle judiciaire. Tout cela, au mépris de la dépénalisation du délit de presse en vigueur au Togo depuis 17 ans.

4°) Samedi 11 décembre 2021 – Enlèvement à son domicile de l’activiste Fovi KATAKOU :
Aux environs de 11H du matin, une escouade de la Gendarmerie nationale comprenant des hommes lourdement armés et cagoulés, tous venus à bord de plusieurs véhicules dont certains portaient les inscriptions de la Gendarmerie nationale, ont bouclé tout le quartier du domicile de l’activiste Fovi KATAKOU où ils ont brutalement fait irruption, méticuleusement perquisitionné et procédé à son arrestation en toute illégalité. Lors de l’embarquement de Fovi KATAKOU par les gendarmes, ceux-ci ont également saisi et emporté dans leurs voitures tous les instruments de sonorisation servant à ses activités avant de prendre une destination initialement inconnue de ses parents qui s’avèrera finalement être le SCRIC. Auditionné tard dans la soirée du samedi et dans la matinée du dimanche, il a été inculpé des chefs d’accusation suivants :
1. « Apologie de crimes » et 2. « délits et incitation à la révolte »
Au moment de son arrestation, Fovi KATAKOU n’a eu pour seul sort tort que d’avoir publié sur les réseaux sociaux un message dénonçant l’arrestation et l’emprisonnement arbitraires dont Ferdinand Messan AYITE et Joël Vignon EGAH ont été l’objet, tout en appelant l’opinion publique à se mobiliser pour exiger leur libération immédiate et sans condition.

Face à cette situation, les organisations sous signées :
— 1. Dénoncent et condamnent avec la plus grande vigueur cette nouvelle vague d’arrestations arbitraires d’innocents citoyens tous incarcérés pour délit d’opinion et, en ce qui concerne les journalistes poursuivis, en violation flagrante des dispositions du Code de la presse qui a dépénalisé le délit de presse depuis plus de 17 ans.
— 2. Dénoncent et condamnent tout particulièrement avec la plus grande vigueur le traitement honteux infligé à Fovi KATAKOU, personne à mobilité réduire qui, malgré son statut qui le contraint à se déplacer dans un fauteuil roulant, a subi avec toute sa maisonnée, d’inqualifiables voies de faits qui déshonorent et bafouent sa dignité d’être humain lors de son enlèvement à son domicile.
— 3. Exigent la libération inconditionnelle et immédiate de ces 4 activistes et journalistes qui viennent d’être à leur tour arbitrairement arrêtés.
— 4. Lancent un vibrant appel à toutes les organisations et institutions tant au Togo que de par le monde entier en charge de la défense des droits des handicapés à intervenir auprès des autorités togolaises pour, d’une part, condamner et dénoncer fermement le traitement qui a été infligé à Fovi KATAKOU, d’autre part, exiger sa libération inconditionnelle et immédiate.
— 5. Exigent la libération inconditionnelle et immédiate de tous les prisonniers politiques
— 6. Lancent un appel solennel et pressant à l’unité de toutes les organisations de la presse, de la société civile, politiques, syndicales, humanitaires et démocratiques tant au Togo qu’à l’échelle internationale pour intervenir auprès des autorités togolaises en multipliant toutes sortes d’initiatives exigeant le respect de la liberté de presse ainsi que des droits civils et politiques garantis tant par la législation togolaise que les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.

Lomé, le 13 décembre 2021

Pour le
Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques du Togo
Patronat de la presse togolaise (PPT)
Consortium des Journalistes d’Investigation du Togo (COJITO)
Tournons La Page – Togo (TLP Togo)
Front Citoyen Togo Debout (FCTD)

TogoDebout dénonce le guet-apens togolais !

TogoDebout dénonce le guet-apens togolais !

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Dans un contexte politique gangréné par une crise récurrente et caractérisé par de récentes mesures de plus en plus liberticides, le collectif TogoDebout a appris avec consternation le kidnapping, le 4 novembre dernier, de l’activiste Jean-Paul Oumolou en séjour au Togo. Les conditions de l’arrestation de ce citoyen togolais résidant en Suisse, le contexte dans lequel elle s’est opérée, le silence qui entoure la procédure enclenchée, questionnent tout autant la problématique du respect des droits de l’homme que celle de la criminalisation de l’opposition politique au Togo.

Comme si la raison avait définitivement déserté les rangs de ceux qui président actuellement à la destinée de notre pays, le couperet d’un appareil judiciaire instrumentalisé s’abat avec frénésie sur des togolais, simplement désireux de rentrer dans leur propre pays et de contribuer à son épanouissement. Alors que la liste de ces prisonniers d’opinion
s’allonge et que de nombreux togolais de la diaspora incarcérés sont dans l’attente d’un hypothétique procès, comment comprendre les récents appels de phare du Haut conseil des togolais de l’extérieur (HCTE), autrement que comme une ignoble farce et une invitation qui empeste le guet-apens à plein nez ? Comment peut-on, dans ces conditions inviter les togolais vivant à l’étranger, à se faire recenser, ou à réfléchir aux conditions d’un retour, alors que sur place on organise objectivement les séquences d’un véritable traquenard en guise de cérémonie d’accueil ?

Le collectif TogoDebout rappelle que cette vague d’arrestations intervient dans une atmosphère marquée par d’urgentes questions sociales (malaise dans un secteur éducatif sinistré, incurie d’un système de santé sans gouvernail et privé de moyens, mouvements sociaux à répétition…), sans compter un dispositif de dialogue politique condamné à un destin de
rocher de Sisyphe. Au lieu de s’atteler à la prise en charge de ces questions majeures, la préoccupation de ceux qui dirigent actuellement le Togo est de placer leur curseur sur des problématiques de seconde zone, un peu comme si
volontairement, on cherchait à allumer des feux de diversion et à détourner l’attention des togolais des sollicitations essentielles.

Ce modus operandi est une constante dans la stratégie d’ensemble du pouvoir togolais et doit interpeller l’ensemble des acteurs politiques et des organisations de la société civile. C’est pourquoi, en appelant à la libération de TOUS les prisonniers politiques, le collectif TogoDebout tient à souligner que l’enjeu d’une mobilisation d’une amplitude inégalée reste, au Togo, l’unique alternative à l’épouvantable pantomime que nous infligeons au monde en ce moment.

Le 08 Novembre 2021
Pour le Collectif TogoDebout
Le Coordinateur Général
Karl GABA